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Libération
TRIBUNE

Le ministre, l’ADN et les assureurs

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par Thomas HEAMS, Maître de conférences en génétique à AgroParisTech (Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement)
publié le 25 octobre 2010 à 0h00

Après le «déterminisme» génétique de la pédophilie, sinistre épisode de la campagne du candidat Sarkozy, après les tests ADN en 2007, voilà que Brice Hortefeux prévoit, dans le cadre de la prochaine loi de sécurité intérieure (Loppsi), d'impliquer les assureurs dans le financement de la Police scientifique et technique en leur réclamant «une contribution volontaire (sic) pour la prise en charge des équipements de relevé et d'analyse d'empreintes à hauteur de 6 millions d'euros sur trois ans».

Voici donc un gouvernement, peu porté à taxer les entreprises, pris en flagrant délit d'une inhabituelle créativité budgétaire, que l'entourage du ministre justifie par du «bon sens» : «Si l'on identifie les cambrioleurs et que l'on récupère les biens volés, les assureurs n'auront pas à indemniser les victimes et les cambrioleurs seront hors d'état de nuire.»

Et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Sauf à craindre qu’il s’agisse de celui d’Huxley, et qu’un peu de vigilance soit ici utile. En effet, cette idée semble n’avoir suscité nul haut-le-cœur de la part des assureurs eux-mêmes : étonnante capitulation alors même que ce rapprochement de l’ADN et des assurances pose problème. Tout d’abord, il banalise et renforce, en y associant des acteurs privés, le basculement délibéré du pouvoir dans une double ivresse, inquiétante et obsessionnelle : celle du fichage et de l’identité génétique.

Rappelons ici aux sceptiques l’épisode récent du camp de Méry-sur-Ois