Jean-Louis Borloo, élu «comique politique» de l'année 2008, ferait bien de méditer sa blague : «Sarkozy, c'est le seul qui a été obligé de passer par l'Elysée pour devenir Premier ministre.» Le ministre du Développement durable et de nombreux autres départements est l'un des nombreux papabile pour Matignon, sans compter bien sûr «François Fillon le retour». Ce dernier, dans un moment de lucidité politique, mais avant son intronisation, avait théorisé la disparition de son poste.
Il est vrai que le quinquennat présidentiel et les élections parlementaires dans la foulée ont totalement altéré l'équilibre des institutions de la Ve République. Le Premier ministre a perdu de son indépendance, déjà relative, et le président a gagné en omnipotence. Les manières de Sarkozy, son mépris envers Fillon, qualifié de «collaborateur», ont encore aggravé cette perte d'influence du chef du gouvernement. Mais ce déséquilibre entre les deux pôles de l'exécutif est aussi un piège pour l'Elysée. Sarkozy ne peut faire croire qu'un changement de Premier ministre puisse entraîner une nouvelle politique.
Après une longue séquence où le Président a été à la manœuvre, que ce soit sur les Roms, la délinquance ou les retraites, où il a imposé sa ligne dure, il aura du mal à convaincre les Français qu’un Borloo, un Le Maire ou un autre prétendant puisse être autre chose qu’un aimable figurant. Dans le système Sarkozy, le Premier ministre n’est plus un fusible et le prés