En ces temps de «réforme» des retraites, les lieux sont les témoins éloquents des actions qui les animent, quand se calculent la place du regard et la mise en jeu. Repérer quelles sont les scénographies du pouvoir permet de saisir le fil des actions, les intentions qui s’y dissimulent et les enjeux de la dramaturgie qui les investit.
Nous voyons la cour et le jardin du palais, la chambre et les couloirs des assemblées, la rue et la place des manifestations, la station-service et les dépôts de carburants, les plateaux télé et les fonds bleus des points presse. Sur ces scènes typées de notre théâtre social et politique, les acteurs tiennent leur rôle, s’adressant aux autres et à ceux qui sont réputés spectateurs silencieux. Que voit-on et qu’entend-on ? D’un côté, une parole qui s’affirme dans la rue, de l’autre un déni qui se confirme à la cour.
La cour est celle de l’Elysée, avec son perron, estrade rituelle ; le jardin du même palais avec sa terrasse a servi en juillet au Président pour tenter de désamorcer au soleil couchant l’affaire Woerth-Bettencourt. La sobriété du dispositif d’interview à l’air libre, fuyant les ors des salons puisqu’il fut question d’argent, avait pour finalité de faire croire à la transparence des propos aux fins de sauver le soldat Woerth, l’inénarrable Woerth, en charge des retraites. Les chambres et les couloirs sont à l’Assemblée nationale et au Sénat. La morphologie de ces espaces est empruntée au théâtre grec via la forme romaine ; l’Hémicycle e