On aime bien le ronchon Mélenchon. Ses colères surjouées et son talent oratoire tranchent avec la langue de guimauve des leaders nationaux. Avec la même virulence, il invoque, dans un opuscule vigoureux, le grand coup de balai qui renverra les élites libérales au musée de la «révolution citoyenne». Justement indigné par les folies de la finance et la morgue des importants, il pourfend ses ennemis banquiers, technocrates, ministres ou fonctionnaires européens avec une outrance joyeuse. La société construite par les grands prêtres de la mondialisation davosienne est suffisamment inégale, avide, dure aux faibles et douce aux forts, pour qu’on le suive volontiers dans sa philippique. Aussi bien, l’idée d’une rupture civique avec les institutions actuelles, ou celle d’une planification écologique et sociale - qui verrait un gouvernement populaire dessiner collectivement l’avenir du pays, en visant des objectifs partagés de réduction des inégalités et de préservation des équilibres environnementaux - doivent figurer dans le projet de tout candidat de gauche à l’élection présidentielle.
Pour autant, quoique séduit par un réquisitoire roboratif, le lecteur est progressivement gêné par la prolifération des adjectifs et l'approximation des condamnations, qui finit par déboucher sur la confusion. La construction européenne, exécrée par Jean-Luc Mélenchon, et certainement sujette à beaucoup de critiques, est tout à trac qualifiée de «totalitaire», et ce à plusieurs reprises.
Jusq