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Libération
TRIBUNE

Au nom de quoi devrions-nous être silencieux?

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par Alban Ketelbuters, Etudiant en littérature
publié le 1er novembre 2010 à 0h00

Comme chaque citoyen, j’entends ce mot de «jeune» qui revient dans la presse, à la radio, à la télévision. J’entends l’actuel gouvernement manifester son hostilité à une protestation plus «jeune». Lycéens, étudiants, salariés ou au chômage, les jeunes Français sont tous concernés par la mauvaise gestion du pays. Chacun sait que l’Etat n’est plus impartial, qu’il ne réfléchit et n’agit plus en fonction de l’intérêt général. Cela fait des années. Nous, les jeunes, en avons la triste démonstration chaque jour qui passe.

Oui, les jeunes ont raison de descendre dans la rue et de se faire entendre. Au-delà d'une réforme à laquelle ni les partis de l'opposition ni les syndicats n'ont été invités à dialoguer, les jeunes sont dans la rue parce qu'ils n'en peuvent plus. On voudrait tacler les jeunes, leur donner des leçons de conduite alors même que la France subit sans doute la plus grande crise morale du XXIe siècle. Les jeunes ont vu un président de la République afficher sans retenue la richesse qui constitue à ses yeux un symbole de réussite, un Président apostropher un citoyen pour lui dire «casse - toi pauvre con», un Président augmenter son salaire et celui de ses ministres de 150% alors que l'Insee publie un rapport attestant que 20% des jeunes Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les jeunes ont vu un pouvoir politique hostile au service public, n'agissant sur l'éducation qu'en termes de baisse d'effectifs et de moyens depuis dix ans. Les jeunes