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35 heures : le roman allemand de Sarkozy

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Le Président de la République, qui s'est distingué en inventant un bouclier fiscal allemand, fait la preuve qu'il ne connaît pas non plus l'histoire sociale du voisin d'outre-Rhin
publié le 5 novembre 2010 à 0h00

«Lorsque la France a connu les 35 heures, les syndicalistes allemands ont dit: “Les 35 heures en France, c’est une bonne nouvelle pour les ouvriers allemands.”»

Nicolas Sarkozy le 21 octobre lors d'une table ronde en Eure et Loir

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Dire du mal des 35 heures est un plaisir que Nicolas Sarkozy se refuse rarement, y compris quand cela n'a rien à voir avec le sujet de ses interventions. Le 21 octobre, lors d'une table ronde avec les maires ruraux d'Eure-et-Loir, le Président s'est ainsi laissé aller à une digression sur son sujet favori : «Quand on est les seuls au monde à expliquer qu'en travaillant trente-cinq heures, on préservera nos emplois, nos cadres de vie et nos salaires, on a menti aux Français. D'ailleurs, les syndicalistes allemands, lorsque la France a connu les 35 heures, ont dit : "Les 35 heures en France, c'est une bonne nouvelle pour les ouvriers allemands."»

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La France du gouvernement Jospin et de «sa lubie» des 35 heures aurait donc été coupée du monde, jusqu’à être raillée par les syndicats allemands, ravis de pouvoir tailler des croupières aux ouvriers français ? Le tableau dressé par Nicolas Sarkozy reflète bien mal le contexte dans lequel la France a mis en place son dispositif de réduction du temps de travail, à partir de 1999.

L'objectif de la semaine de trente-cinq heures était largement partagé par les syndicats européens : lors de son congrès de 1999, la CES (Confédération européenne de