Avec la réforme des retraites, Nicolas Sarkozy a, en l’espace de quelques mois, ramené le pays des années en arrière. Voitures qui brûlent, vitrines qui éclatent, jeunes matraqués, pompes à essence vides, grèves à répétition… Certains considèrent, notamment à l’étranger, que cela fait simplement partie du folklore national de la France éternelle. Mais, plus de deux siècles après la Révolution, le fait de ne toujours pas avoir trouvé d’autres moyens de gérer les désaccords au sein de la société constitue plutôt un des principaux handicaps du pays. D’autant que nos économies modernes, complexes et très interconnectées, sont aussi devenues plus sensibles au moindre dysfonctionnement social. Il faut en sortir, et cela passe par des changements institutionnels profonds : en matière de protection sociale, le gouvernement et sa majorité parlementaire, quels qu’ils soient, ne disposent pas d’une légitimité suffisante pour changer seuls les règles du jeu.
Dans le conflit autour de la réforme des retraites, les responsabilités sont clairement établies. Nicolas Sarkozy avait été élu en 2007 en s’engageant à ne pas toucher à la retraite à 60 ans. De plus la réforme de 2003 avait prévu pour 2012 une nouvelle négociation afin d’ajuster les paramètres du système de retraite. Mais brutalement, le Président s’est mis en tête de mettre en œuvre dès cette année la grande réforme qui allait résoudre tous les problèmes jusqu’en 2050. Et cela en l’espace de quelques mois seulement, sans négocier r