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Libération
Interview

«Le débat s’est redéfini autour de la question sociale»

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Rémi Lefebvre, professeur de science politique à Lille-II :
publié le 6 novembre 2010 à 0h00

Professeur de science politique à Lille-II et auteur de la Société des socialistes (1), Rémi Lefebvre décrypte ce qui va changer à gauche avec le mouvement social.

La gauche a-t-elle marqué des points au terme de la mobilisation ?

Idéologiquement, ce mouvement a été un moment important. La gauche a essayé de défaire une série de dogmes libéraux, au premier rang desquels l’équation entre évolution démographique et réforme des retraites. Et ces dogmes ne se sont pas imposés. La dynamique sociale a été profonde, avec des mobilisations importantes, répétées. La coagulation des forces sociales peut inciter à l’optimisme.

Faut-il voir dans ce mouvement le tournant du quinquennat ?

Il est trop tôt pour le dire. L’avantage de cette séquence, c’est qu’elle redéfinit l’agenda politique autour de la question sociale et de la redistribution des richesses. Est-ce que ça sera durable ? Tout l’enjeu pour la gauche est là.

Quel bénéfice peuvent tirer du mouvement les partis de gauche dans la perspective de 2012 ?

Ce mouvement a été le creuset d’une dynamique unitaire, l’occasion pour la gauche tant partisane que syndicale de serrer les rangs. Et globalement l’unité, même conjoncturelle, l’a emporté : le NPA n’a pas vraiment tapé sur le PS. Certes, leurs partenaires de gauche ne sont pas dupes des ambiguïtés des socialistes. Mais le rapport de forces avec le gouvernement imposait l’unité.

Jusqu’à quand?

L’étiolement du mouvement desserre cette contrainte de l’unité et ouvre à nouveau la boîte de Pandore. Dans la perspective du premier tour de l’élection présidentielle, les uns et les autres, Mélenchon notamment, vont désormais tout faire pour se démarquer. Et ces stratégies vont prendre le pas sur la dynamique inter