Pujadas salive. Il tient «la» déclaration de la soirée. C'est tout frais. Et c'est du lourd ! «François Fillon fait savoir qu'il souhaite rester à Matignon», lance le présentateur de France 2. Entendez, regardez ! «Je crois à la continuité de notre politique réformiste. On ne gagne rien à changer de cap au milieu de l'action. Le redressement de la France réclame de la durée. Ce n'est pas en faisant basculer cette politique à gauche ou à droite qu'on obtiendra des résultats.»
Pour l'occasion, France 2 a dépêché un reporter dans la cour de Matignon. Lequel confirme que l'on a bien entendu ce que Pujadas nous a dit qu'on avait entendu : «C'est un grand pas politique pour François Fillon. Il avait un leitmotiv : je ne demande rien. Ce soir tout change, et François Fillon est désormais candidat à sa propre succession. Il va même plus loin : il met en garde l'Elysée contre tout virage tacticien, comprenez la nomination de Borloo.»
On apprendra le lendemain que Fillon a fait téléphoner aux rédactions des 20 Heures pour être certain que les journaux ne rateraient pas l'immortelle déclaration. Reconnaissons-le : nichée au sein d'une adresse lyrique aux ingénieurs et aux scientifiques français, qu'il recevait ce jour-là à Matignon, cette phrase choc aurait pu passer inaperçue. «On ne gagne rien à changer de cap au milieu de l'action» : le risque existait que la France ne lève même pas les yeux de sa soupe. C'eût été dommage.
Dès cet instant,