La manifestation des étudiants et lycéens parisiens à l’Etoile le 11 novembre 1940 est un événement symbolique fort, qui mérite d’être revisité. Parfois considérée comme la première forme ouverte de résistance, elle est célébrée par tous, jusqu’au conseiller immigration de l’Elysée, l’inspirateur du discours de Grenoble, qui lui a consacré en 2009 un ouvrage à prétention historique.
Ce jour-là, cinq mois après le début de l’Occupation, bravant l’interdiction formelle du commandement allemand et de Vichy, quelques milliers de jeunes osent aller au tombeau du Soldat inconnu crier leur hostilité à l’occupant allemand. Ils le paient de plus de 200 arrestations, dont certaines sont maintenues plus d’un mois dans les prisons de la Santé, de Fresnes et du Cherche-Midi. D’ordre des autorités allemandes, l’université de Paris est fermée pour plusieurs semaines et les étudiants obligés de pointer chaque jour dans les commissariats. Le recteur Gustave Roussy est démis de ses fonctions par Vichy et remplacé par Jérôme Carcopino, ami personnel de Pétain…
La presse collaboratrice parisienne, soumise à la censure, reste muette cinq jours, avant de dénoncer l'irresponsabilité d'une certaine jeunesse. Mais la rumeur s'empare de l'événement : la presse clandestine parle de morts et déportés, la radio de Londres parle peu après de onze morts, et Carcopino lui-même demande à la police de démentir le chiffre de 300 fusillés. Rumeur pas totalement infondée : des soldats allemands ont tiré, faisant