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TRIBUNE

Démocratie: la dissidence populaire

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Les enjeux de 2012 par la Fondation Copernic
par Willy Pelletier, Claire Le Strat, politologue, université Paris-Ouest-Nanterre, Josiane BOUTET, professeure de sociolinguistique (IUFM Paris-IV), Bernard LACROIX, professeur de science politique (Institut universitaire de France), Caroline Mecary, avocate au Barreau de Paris et Stéphane GUILLEMARRE, professeur de philosophie (académie de Versailles)
publié le 16 novembre 2010 à 0h00

Pas nombreux, en milieux populaires, les femmes et les hommes qui se sentent représentés par les politiques professionnels ! Pas nombreux ceux qui se déclarent concernés par l’offre politique existante, même si les formes de la distance ou de la défiance varient. Certes, les situations des salariés d’exécution sont diverses (ouvriers ou employés, du public ou du privé, en PME ou pas, actifs, précaires, chômeurs…). Quoi de commun en effet, entre l’employé de préfecture à Nîmes, en habitat pavillonnaire et l’ouvrier de 56 ans, licencié «pour raison économique» à Soissons. L’un «s’est sacrifié» pour quitter les HLM, il «a réussi», il lui reste «peu de moyens» mais sa fille va à la fac. L’autre passera toute sa vie dans 40 m2 à Presles, où ses deux fils «tiennent les murs» et vivent du «bizness».

Il faut appréhender effectivement les milieux populaires dans leur diversité : diversité de revenus (fixes ou aléatoires), d’exposition au chômage (public ou privé, femmes ou hommes), de rapport à l’avenir… Différents entre eux sous ces dimensions, les salariés d’exécution (plus d’un salarié sur deux) le sont aussi dans leurs relations à la culture politique. Il n’empêche que le fait est là, bien présent, global, massif, la «fracture sociale» a généré une autre fracture : la «fracture démocratique». Quelques-uns ont pu voter Le Pen. Ils furent étiquetés «beaufs». Les causes sociales d’un vote qui peut se reproduire n’ont pas assez été analysées. Le chômage de longue durée, la relégation