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grand angle

Fesses en fresques à l'hôpital

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Sur les murs des salles de garde, les réfectoires réservés aux internes, s’étalent des peintures où le sexe est roi. Un livre de photos les révèle pour la première fois alors qu’elles sont menacées de disparition.
publié le 24 novembre 2010 à 0h00

C’est un magnifique bordel, la salle de garde. Un lieu unique à l’hôpital. Celui qui y entre pour la première fois a de quoi rester coi. Ainsi à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, sur des murs lépreux, s’étalent, dans des couleurs hurlantes, des fresques hallucinantes : phallus démesurés, coïts éclatés, corps explosés, seins gigantesques. Dans ce décor fellinien, des jeunes en blouses blanches - garçons et filles - déjeunent. Des internes, futurs médecins. De l’autre coté de la porte, commence la vie de l’hôpital, les malades, les chambres, l’attente, la douleur.

«Les salles de garde ?» Patrice Josset, vieux professeur d'histoire de la médecine - barbu aux larges bretelles -, répond sans hésiter : «C'est dommage, mais on assiste à leur disparition.»«Tous les dix ans,on nous prédit la fin des salles de gardes. Elles sont toujours là, plus vivantes que jamais», répond vivement Christophe Vidal. Interne en chirurgie, il préside l'Association pour la préservation du patrimoine de l'internat, l'Appi, dont l'une des missions est précisément la sauvegarde des salles de garde.

Symptôme d'une page qui semble se tourner, historiens, photographes et anthropologues s'y bousculent désormais pour en dessiner l'histoire. Ainsi le photographe Gilles Tondini publie ce mois-ci l'Image obscène (Editions Mark Batty Publisher), un étonnant ouvrage qui donne à voir les fresques peintes dans les salles de garde des plus grands hôpitaux parisiens. «En é