Littérairement parlant, Dominique de Villepin n'a pas une réputation très fameuse. Style ampoulé et creux. Auteur prolixe fasciné par les grands hommes («mon besoin d'admirer»). Poète du dimanche qui commençait ainsi le Requin et la Mouette (2004) : «Déjà, la catastrophe ? […] Ne point céder à la mode ni à la peur, mais arpenter les falaises, côtoyer la vie près des gouffres, là où le requin et la mouette poursuivent après l'orage leur furieux dialogue, leurs épousailles affamées d'arc-en-ciel.» D'où la surprise en ouvrant De l'esprit de cour, relativement sobre et dont le contenu, sans être d'une originalité foudroyante, se distingue du niveau moyen du livre d'hommes politiques.
Pas besoin d’avoir fait Sciences Po pour comprendre que le souverain sujet à la flatterie visé par le titre est Nicolas Sarkozy, contre lequel Don Villepin de la Manche ne cesse de rompre des lances parfois fantasques. Voici qu’entre affaire Clearstream et dossier Karachi, il ouvre un nouveau front, pour ainsi dire littéraire, avec un texte saturé de références historiques et de formules ciselées, et dont le message implicite à son rival est : «Essayez-vous un peu d’écrire un livre comme ça !» (Pendant ce temps, le rival en question débauche méthodiquement les députés villepinistes, qui, au train où cela va, seront bientôt plus nombreux au gouvernement qu’à l’Assemblée nationale).
Aphorismes. Sarkozy ayant déjà signifié que la connaissance de la vie