C'est une malédiction qui ne cesse de la frapper, de la déchirer et finalement de l'affaiblir depuis la naissance même de la Ve République : la droite est victime d'une maladie génétique terrible, jusqu'ici sans remède connu, la haine. Pire, celle-ci ne vise pas, ne menace pas ses adversaires naturels mais elle dévaste ses propres rangs, elle s'applique à ses propres chefs, elle frappe ses principales figures de proue, elle s'acharne sur elles, elle les harcèle, elle les déchiquette, elle les défigure. Le général de Gaulle en fut la première cible, assailli lors de l'indépendance de l'Algérie par des gaullistes historiques, par des compagnons du premier cercle comme Jacques Soustelle ou par des alliés hautement symboliques comme Georges Bidault, ex-président du Conseil national de la résistance. Georges Pompidou, lui, fut visé par une machination nauséabonde, l'affaire Markovic où beaucoup virent la main de barons gaullistes, décidés à tout pour lui barrer la route. Jacques Chaban-Delmas fut à son tour l'objet d'une campagne de déstabilisation systématique (fuites fiscales, rumeurs familiales) pour l'affaiblir avant la campagne présidentielle de 1974.
C'est cependant avec Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing que la haine va s'établir publiquement, submerger la vie politique, se polariser progressivement en une série de duels fratricides, mortels et théâtraux. L'enjeu présidentiel tourne aux violences et aux vengeances inexpiables. Sur la scène politique de la