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Libération
TRIBUNE

Le mythe des mauvais garçons

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publié le 29 novembre 2010 à 0h00

Dans les quartiers les plus populaires, 4 jeunes hommes sur 10 sont chômeurs. Mesure-t-on suffisamment ce que cela signifie en termes d’emploi du temps, d’usage et d’image de soi, de rupture culturelle et sociale ?

Humiliés, ils l’ont été dès l’école puisque beaucoup d’entre eux sont les laissés-pour-compte des progrès de la scolarisation. Ces trente dernières années, l’étude des trajectoires scolaires selon le sexe a donné à voir les différences d’options et d’orientation désavantageant les filles pour l’emploi. Observation légitime évidemment ; pourtant, dans le même temps, l’écart de réussite scolaire s’est creusé au détriment des garçons : dans une génération, 69,6% des filles ont le bac contre 58,4% des garçons (en Seine-Saint-Denis par exemple autour de 45% d’entre eux). Faut-il accuser l’école de préférer les filles ? Dans les rapports familiaux et sociaux, on voit souvent les petites filles davantage portées au langage et les garçons à la dépense motrice («elles papotent, ils gigotent !»). L’école n’est évidemment pas responsable de ces différences, mais qu’en fait-elle ?

Le sur-échec des garçons trouve son origine d’une part dans une turbulence qui perturbe le modèle scolaire, d’autre part dans un rapport difficile aux activités langagières. Cette question du «sexe des savoirs», au-delà de l’école, se lit aussi dans les enquêtes sur les pratiques culturelles. Ne faudrait-il pas qu’elle interpelle enfin la construction des contenus d’enseignement, «spontanément familie