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TRIBUNE

Vive la «culture dominante»

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par Slavoj Zizek, Chercheur à Birkbeck College (Londres)
publié le 2 décembre 2010 à 0h00

Le 17 octobre, la chancelière allemande Angela Merkel déclarait lors d'une réunion de jeunes membres de son parti, l'Union démocratique chrétienne (CDU) : «Cette approche multiculturelle prétendant que nous pouvons vivre ainsi côte à côte a échoué, lamentablement échoué.» Elle faisait écho au débat sur la Leitkultur (culture «dominante» ou «commune») où les conservateurs ont fait valoir que tout Etat étant basé sur un espace culturel dominant, les étrangers se doivent de le respecter.

Cette thèse s’inscrit dans la réorganisation de l’espace politique en Europe. Jusqu’alors, les deux forces dominantes, le parti de centre droit et celui de centre gauche, prétendaient s’adresser à la totalité du corps électoral et les plus petits partis (écologistes, communistes…) se partageaient le reste. Or des scrutins récents à l’Ouest comme à l’Est ont vu l’émergence d’un parti centriste dominant qui représente le capitalisme mondialisé, le plus souvent promoteur d’un agenda culturel libéral (droit à l’avortement, défense des homosexuels, des minorités religieuses et ethniques, etc.), auquel s’oppose un parti populiste de plus en plus fortement anti-immigration et accompagné à ses marges par des groupes néofascistes ouvertement racistes. La Pologne, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, la Hongrie en sont des bons exemples.

Comment en est-on arrivé là ? Après des dizaines d'années régies par les promesses de l'Etat providence, nous entrons dans une sorte d'état d'urgence écon