C'est un paradoxe bien enraciné : au Parti socialiste, les prétendants et les prétendantes font passer l'égalité avant la solidarité, c'est-à-dire le droit individuel à concourir avant l'intérêt commun du PS. Trop de candidatures tuent la candidature ou du moins la compliquent diablement : peu leur chaut. Le calendrier des primaires avait pour objectif d'éviter les querelles de personnes avant le choix collectif : c'est raté. Les ambitions individuelles étouffent et éclipsent la démarche commune. Puisque chacun - éléphant ou éléphanteau - s'accorde le privilège de faire passer ses ambitions avant le projet et la démarche du parti, c'est le triomphe des égoïsmes sacrés. A ce jeu-là, Ségolène Royal est naturellement incomparable, elle vient d'en fournir une nouvelle démonstration. La candidate de 2007, distancée depuis le congrès de Reims par Martine Aubry et par Dominique Strauss-Kahn, de plus en plus esseulée, abandonnée par ses lieutenants, était habilement revenue dans la partie le 30 mai en déclarant à la télévision à la surprise générale «le moment venu, nous aurons à décider tous les trois ensembles comment nous nous engagerons dans cette campagne». C'était bien joué, puisque d'un seul coup elle réintégrait la cour des grands et semblait prête pour une fois, à sacrifier son intérêt personnel à l'intérêt collectif. Il s'agissait bien entendu d'un adroit trompe-l'œil, comme elle vient de le prouver cette semaine. Martine Aubry avait rappelé il y a quelques jours
L’égoïsme sacré des éléphants socialistes
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par Alain Duhamel
publié le 3 décembre 2010 à 0h00
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