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Libération
TRIBUNE

Cantona, Assange, Thoreau et la désobéissance civile

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publié le 8 décembre 2010 à 0h00

La désobéissance civile est née d’un acte isolé : celui de l’Américain Henry David Thoreau décidant, en 1846, de ne pas payer ses impôts pour signifier qu’il retirait son adhésion à un Etat qui tolérait l’esclavagisme et menait une guerre à ses yeux injuste contre le Mexique.

En 1879, une avocate française et militante féministe, Hubertine Auclert, utilisa le même moyen pour marquer son refus de l’inégalité faite aux femmes et obtenir leur droit de vote. Depuis lors, la désobéissance est devenue une forme d’action politique défendant le principe même la démocratie : le respect de la voix de chaque citoyen et de son droit à exercer son contrôle sur l’action des gouvernants. Mais ce qui la rend suspecte est le mode un peu sauvage sur lequel elle revendique ce respect et ce droit.

Aujourd’hui, cette revendication sauvage dénonce la confiscation du pouvoir par une élite méprisante et appelle les citoyens à le récupérer. Elle est portée par deux individus, dont les initiatives intempestives suscitent plus de sarcasmes et de condamnations que d’éloges : Julian Assange et Eric Cantona. Ces initiatives ne se présentent pas comme des actes de désobéissance civile. Pas plus qu’elles ne sont le fait d’une personne isolée.

WikiLeaks est une organisation qui a inventé une nouvelle forme de vigilance en ouvrant ses réseaux afin de lever le secret dans lequel les puissants prennent des décisions qui déterminent la vie des citoyens du monde. ulien Assange en est le porte-parole. Et si Eric Can