Jean-Louis Borloo n'aurait jamais dû se trouver dans la situation de jouer les leurres dans la course à Matignon. Pour deviner l'issue du remaniement, il lui aurait suffi de se remémorer le verdict de Nicolas Sarkozy au salon de l'Agriculture : «L'environnement, ça commence à bien faire.»
Nicolas Sarkozy est un pragmatique pour qui aucune conviction ne résiste à un mauvais sondage. L’ouverture ne parvient plus à semer la zizanie dans le camp d’en face et chagrine l’électorat de droite ? La diversité ne fait plus recette? Les citrons pressés sont jetés sans ménagement. Le débat sur l’identité nationale mobilise l’électorat du Front national au lieu de le neutraliser? A la trappe le ministère qui était censé veiller sur elle ! Les mesures du Grenelle de l’environnement sont sans effet sur l’électorat écologiste et éloignent de l’UMP les deux tiers de l’électorat agricole ? Exit.
A ce compte-là, les jours du bouclier fiscal, «symbole d'injustice», selon les termes de François Baroin, sont comptés. Sarkozy est aussi un réaliste. Il sait qu'une part essentielle de la défaveur de l'exécutif dans l'opinion publique lui est personnellement imputable. Qu'une fraction substantielle de l'électorat de droite, âgé, conservateur, provincial, catholique, éprouve à son endroit un sentiment de rejet. Il lui suffit d'observer l'évolution de sa courbe de popularité et celle de son Premier ministre. Alors, s'inspirant des judokas, il a résolu de transformer ses faiblesses en poi