Le parquet de Paris a donné, hier, son feu vert pour enquêter sur un contrat d’armement signé avec l’Arabie Saoudite en 1994, mais les parties civiles y voient la volonté d’écarter le juge Renaud Van Ruymbeke. Elles soupçonnent aussi le parquet de vouloir disjoindre les procédures judiciaires visant les deux grands contrats d’armement signés par le gouvernement Balladur. Qui sont pourtant très liés.
Même industriel
Enjeu de cet épisode judiciaire : le contrat Agosta, pour la livraison des sous-marins au Pakistan, et le contrat Sawari II, pour la fourniture de frégates de combat à l’Arabie Saoudite. Pour respectivement 5,4 milliards de francs et 20 milliards de francs. En 1994, ces deux Etats islamiques, liés entre eux par des accords de défense, avaient acheté ces matériels auprès de la Direction des constructions navales (DCN) - à l’époque une administration sous tutelle du ministère de la Défense.
Mêmes intermédiaires
Pour le député (PS) Bernard Cazeneuve, auteur du rapport parlementaire sur l'attentat de Karachi : «Dès mai 2010, le rapport […] avait souligné le lien entre le contrat Agosta et le contrat Sawari II. Les deux contrats ont en effet mobilisé les mêmes intermédiaires en vue de la mise en place d'un dispositif de commissions totalement dérogatoire et anormalement opaque.» Trois intermédiaires prélevaient d'importantes commissions sur les deux ventes, conduisant le juge Van Ruymbeke à soupçonner l'existence de rétrocommissio