Présidentielle à l'horizon, primaires du PS, montée de DSK, de Marine Le Pen, émulations à l'UMP et au centre… 2011 s'annonce comme un cru prolifique du «sondage politique». Cette appellation doit être mieux contrôlée, à en croire le rapport des sénateurs Hugues Portelli et Jean-Pierre Sueur. Une proposition de loi avance une définition en italique, que j'amende en romain : «Un sondage est une opération visant à donner une indication quantitative, à une date déterminée,des opinions, souhaits,attitudes et comportements d'une population par l'interrogation d'un échantillon représentatif de celle-ci.»
Les sondeurs revendiquent le caractère instantané de la photographie qu’ils nous disent prendre de l’opinion. Passons sur ce cliché… devenu image de synthèse à force de redressements, parfois sibyllins, des données brutes de l’enquête. Les opinions recueillies portent, soit sur des événements présents, des mesures prises, des propositions actuelles ou des débats en cours, soit sur des occurrences projetées, des choix à venir ou des consultations lointaines.
Les «souhaits» parlent bien de l’avenir et s’essaient, sous le règne de l’immédiat, d’inscrire le sondage dans le temps. Or, les sciences politiques balbutient dans l’analyse des anticipations d’opinions où se mêlent idées reçues, souvenirs déformés, préférences, sympathies, jeux ou paris. De surcroît, les commanditaires de sondages ne sont pas sans intentions de manipulation. Surtout,