Marine Le Pen est malheureusement une femme intelligente, combative, très efficace à la radio et à la télévision, sûre d’elle-même et de ses intuitions, dotée d’un aplomb incomparable. Elle est en fait plus dangereuse encore que son père. Elle n’a pas la culture de Jean-Marie Le Pen mais elle a une façon de s’exprimer plus simple et plus directe. Elle ne possède pas l’éloquence classique du fondateur du Front national. En revanche, elle en a le charisme, cet ascendant qui lui permet d’arpenter une scène en tenant en haleine des militants ébaubis ou d’intimider la plupart de ses interviewers ou de ses contradicteurs. Elle en partage surtout la vision du monde et les recettes, aussi redoutables que cyniques.
On insiste souvent sur les différences entre Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen. C'est de la naïveté. La fille appartient comme le père à l'extrême droite nationaliste, furieusement antieuropéenne - elle prône la sortie de l'euro et le départ de l'Union - ouvertement populiste. Elle remporte d'ailleurs ses meilleurs scores dans les catégories les plus populaires (30 % chez les ouvriers, plus de 20 % chez les moins de 25 ans). Cela dérange les analyses traditionnelles mais, parmi les candidats à l'élection présidentielle susceptibles d'atteindre ou de dépasser les 10 %, elle est de loin celle qui détient la base la plus authentiquement populaire. Au XXIe siècle, le parti du prolétariat, c'est le Front national.
Elle parvient même à effectuer des percées inédites da