La France qui tourne autour du clocher, celle du bas-relief, du boudin blanc et de la tête de cochon, persil dans les oreilles, se retrouve en semaine pour l'apéritif, sur les coups de midi, dans un bar-tabac du quartier des Halles de Reims (Marne), juste derrière l'hôtel de ville. C'est la France de saint Remi, de Jeanne, de Maurice Barrès, du Keno et de Marine Le Pen. Commerçants en blouse, stylos à la pochette et crayon de bois coincé derrière l'oreille. Ici, quand le verre est vide on dit : «Messieurs, à cheval !» Ou : «On rhabille les gamins, patron !» Le coude droit posé sur le zinc, le gauche ramené à l'équerre sur la hanche, la France qui a voté UMP en 2007 parle librement de son vote «Marine».
«Pays par terre». Il y a là Thierry Maillard, 47 ans, secrétaire de section du FN, libraire de métier, «avec un petit rayon trotsko», qui fait aussi dans sa boutique dans le treillis et le casque à pointe. Maillard est un homme tout en rondeurs, sorti d'un film de Gilles Grangier et qui parle le Michel Audiard. Il est candidat aux cantonales de mars à Reims, gouaille parigote, favoris d'Apache, casquette de Gavroche, et que chacun salue d'une bourrade dans le dos.
Entre «un véritable aristo pur sucre», selon Maillard. Un descendant de Godefroy de Bouillon, lunettes cerclées acier, cheveux lissés, une copie de Robert Brasillach chaussée de John Lobb. Le «comte», tout à trac, dit renier son «engagement sark