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Les Millevaches, toujours en résistance

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1920-2010, les 90 ans du PCF (1/2) Terre d’émigration et de révoltes paysannes, la Corrèze fut l’un des creusets du communisme rural. Elle en reste un bastion, forte de la mémoire du maquis.
publié le 21 décembre 2010 à 0h00

Un béret vert et usé sur le crâne, les avant-bras posés sur la toile cirée de sa salle à manger surchauffée, Jean Plazanet, 72 ans, fronce un œil, esquisse un sourire et une fausse menace : «Le Parti communiste, on l'a déjà enterré plusieurs fois… Mais faites attention, des fois, les morts, ils se réveillent.» En Haute-Corrèze, chez cet ancien maire de Tarnac, le PCF est bien vivant. Vieillissant mais plutôt en forme. Ici, dans le canton de Bugeat, la moitié des maires ont l'étiquette PCF. Aux dernières élections régionales, la liste d'union «Limousin, terre de gauche» - qui regroupait notamment le PCF, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Nouveau Parti anticapitaliste - a raflé 40,7% des voix au second tour. Ajoutez-y les voix de la liste socialiste et vous obtenez une gauche qui culmine à 70%.

Certes, «ce résultat est d'abord lié à Christian Audoin, [tête de liste PCF et ex-conseiller général du canton]. C'était d'abord une candidature qui rassemblait plus largement que les voix communistes», tempère Danielle Terracol, maire du petit village de Toy-Viam. Mais sur une terre qui a choisi le communisme dès le congrès de Tours, la strate rouge PCF est encore épaisse. «Au conseil municipal de Tarnac, sur treize membres SFIO [Section française de l'Internationale ouvrière], dix sont passés à la SFIC[Section française de l'Internationale communiste]» fin décembre 1920 avant de prendre l'étiquette PCF en 1921, raconte Jean Plaz