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Libération
Interview

«Un appel à la réflexion, pas un programme politique»

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Harlem Désir, numéro 2 socialiste, analyse la nature d’«Indignez-vous !» :
publié le 30 décembre 2010 à 0h00

Député européen, numéro 2 du Parti socialiste dont il est secrétaire national chargé de la coordination, Harlem Désir est un proche de Martine Aubry. Agé de 51 ans, venu à la politique par le mouvement étudiant, il est un des fondateurs de SOS Racisme, dont il fut le porte-parole de sa création, en 1985, jusqu’en 1992.

Comment expliquer le succès rencontré par le petit livre de Stéphane Hessel ? Cela vous a-t-il surpris ?

C’est un livre de révolte, d’indignation, qui s’inscrit pleinement dans l’époque. Il s’élève contre la soumission, contre la dictature des valeurs financières. Et il dit que le plus grand risque serait la résignation. Ce n’est pas un hasard si celui qui l’a écrit est lui-même tout le contraire de ce que peut représenter le sarkozysme. Hessel est un homme modeste et authentique. Il pose la question sociale en termes de morale, il refuse la domination des intérêts financiers, il lance un appel à l’éthique et à la responsabilité personnelle, un appel à chaque citoyen pour qu’il se saisisse de ces sujets et qu’il agisse. A 93 ans, il parle aux jeunes, en prônant une révolte humaine et optimiste. Et comme par hasard on commence à entendre des critiques contre lui, notamment à droite, pour dénoncer la multiplication des appels, ou lui reprocher de tomber dans la nostalgie. Mais ce qui dérange le plus, c’est qu’il se réfère au programme du Conseil national de la Résistance.

Lancer un appel à l’indignation, c’est louable mais un peu court comme programme politique ?

C’est un appel à refonder la société à partir de valeurs, en rappelant que la plupart d’entre elles étaient déjà énoncées dans le programme du Conseil national de la Résistance. Ce n’est pas un prog