Elle a coutume de dire qu'elle «franchit les haies les unes après les autres». De ce point de vue, le livre que Rosalie Lucas et Marion Mourgue, journalistes politiques au Parisien et aux Inrockuptibles, consacrent à Martine Aubry est particulièrement éclairant: la trajectoire de la première secrétaire n'a rien d'un sprint, discipline dans laquelle s'épanouit plutôt Ségolène Royal. Mais tout d'une course de fond. Martine Aubry. Les secrets d'une ambition (L'Archipel, 206 pp.), qui sort demain, est une enquête fouillée, riche en témoignages de ceux qui l'ont côtoyée, sur les différentes vies de celle qui, en 2012, pourrait bien porter les couleurs du PS contre Sarkozy.
Car ce sont bien les multiples facettes d'Aubry que l'on croise dans ce portrait au long cours. Martine «l'héritière», celle de Jacques Delors, qui fut toujours d'une grande exigence: «Avec lui, ce n'était jamais suffisant», dit-elle. La numéro deux de la dream team Jospin, bien sûr, qui à l'époque incarnait une certaine modernité politique. La maire de Lille, bien sûr. Et la meilleure ennemie de Royal: «Je ne suis pas allée au congrès de Reims pour être élue première secrétaire […] Je me suis dit que Ségolène ne pouvait pas être chef de parti alors qu'elle s'était positionnée en dehors.» Et puis, surtout, il y a la patronne du parti, mal élue et réticente à exercer le job, mais qui, au fil des mois, s'installe dans le fauteuil.
Voilà donc l'