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Libération
Editorial

Tortues

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publié le 12 janvier 2011 à 0h00

Et si c’était lui ? Pas à pas, François Hollande taille sa route vers la primaire socialiste. Sa cote progresse régulièrement. Martine Aubry et DSK sont devant, mais l’arrangement qu’ils ont conclu le favorise : il s’avance à visage découvert alors que l’un est invisible et que l’autre apparaît par intermittence. En langage cycliste, on dirait que le coureur Hollande revient sur les leaders.

Il n’y a plus d’éléphants au PS. Il y a des lièvres et des tortues. Dans la première catégorie, la patronne du PS et celui du FMI affectent de prendre leur temps. Du coup les tortues déjà parties - et qu’on juge parfois laborieuses - prennent de l’avance.

On moque parfois la mue physique du président du conseil général de Corrèze. Elle est anecdotique. C’est sur le fond que François Hollande s’est transformé. On connaissait son talent oratoire, sa vivacité, son sens de la repartie, son humour et son abord débonnaire. L’opinion découvre un leader qui a travaillé ses dossiers, ajusté des projets, étayé son discours. Son mitterrandisme presque mimétique s’est enrichi d’une rigueur réformiste qui en fait le contraire d’un démagogue. Ses déconvenues de premier secrétaire du PS s’effacent des mémoires et il peut cultiver son personnage d’héritier de Mitterrand converti à Mendès France.

Opiniâtre, réfléchi, il se change en leader crédible, ancré dans l’histoire de la gauche autant que dans les réalités de la logique de gouvernement. Il est loin du but ? Bien sûr. Mais à côté des atermoiements du c