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Libération
Récit

Jean-Marie Le Pen, l’enracinement à la sueur du Front

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De 1972 à 2010, le leader tribun, qui a fait de son parti sa chose, a réussi à implanter les thèmes de l’extrême droite dans le paysage politique français.
publié le 14 janvier 2011 à 0h00

«Y a d'la joie», chantonne Jean-Marie Le Pen en s'avançant vers le buffet à l'occasion de sa dernière présentation des vœux à la presse, le 7 janvier. Dans moins de dix jours, le vieux leader d'extrême droite quittera le fauteuil de président du FN, après plus d'un demi-siècle de vie politique. Il envisage ce moment, samedi, au premier jour du congrès du parti de Tours, sans nostalgie, ni regrets apparents, assure-t-il, avec «tout juste l'émotion du coureur de relais qui passe le flambeau au coureur suivant».

Le Pen, qui fêtera ses 83 ans le 20 juin, aura présidé sans interruption le parti depuis sa création en 1972. Il l'aura porté à bout de bras, se faisant proclamer président, plus que réélire, à chaque congrès, par acclamations, avec des scores soviétiques. Le Front national, c'est Le Pen, sa chose. Le mandat d'une vie entière qui lui a valu toutes ces années d'être appelé cérémonieusement «Président» par ses fidèles et ses courtisans. Un titre qu'il recevra avec une jubilation gourmande toujours après le congrès, puisqu'il s'est fait élever au titre de «Président d'honneur du FN» par un bureau politique tout à sa dévotion.

Alors qu'il se décide à passer la main, le bilan de Le Pen tient à cette longévité qui lui a permis, comme il l'a récemment déclaré, «d'installer le FN dans la pérennité» et de le sortir d'une semi-clandestinité dans laquelle il avait été longtemps cantonné. Au point d'en faire une force non négligeable sur l'échiquie