A nouvelle présidente, nouveau logiciel. Et nouveaux experts, histoire de donner une profondeur au discours frontiste version Marine Le Pen. La nouvelle présidente du FN n'entend pas cependant abandonner les thèmes préemptés par son père, à commencer par l'immigration liée à l'insécurité, délaissés par les partis traditionnels. Au point de les rendre quasi tabous une fois qu'ils étaient passés entre ses mains, mais avec le bénéfice de les propager dans l'opinion publique. Avec un argument imparable, résumé par Jean-Marie Le Pen: «Si les autres partis du système n'en parlent pas, c'est qu'ils vous cachent des choses alors que moi, je vous dis la vérité!»

Siphonner. Si le FN s'est installé depuis longtemps sur la scène politique, c'est aussi parce que la gauche n'a pas su apporter de réponse autre que morale au discours lepéniste. Quand elle ne niait pas certains problèmes, comme l'insécurité, dans les années 80. Quant à la droite, si elle a su tisser et maintenir un «cordon sanitaire» autour du FN, elle s'est targuée, avec Nicolas Sarkozy, de siphonner Le Pen en reprenant ses thèmes. Face à ces stratégies imparfaites, le parti a pu prospérer de manière quasi régulière électoralement (avec «le coup de tonnerre» du 21 avril 2002) et assurer la pérennité du FN.

Changement de décor. Avec le passage de témoin à Marine Le Pen, le week-end dernier, «la lepénisation des esprits, comme on l'a dit à propos de son père, commence véritablemen