Dire que l'Europe est peu comprise et mal aimée de ses citoyens est un euphémisme. L'inverse serait surprenant. En 1950, le projet européen de Jean Monnet s'élabore dans un cénacle fermé à l'abri des citoyens. Si le spectre de la guerre sert de socle, les Etats se jettent dans cette aventure, non pas pour créer un espace de démocratie et de droits sociaux mais pour faire naître une zone de libre-échange. C'est sur l'acier, le charbon puis l'agriculture que se construit ce marché commun. Les peuples ne sont pas impliqués parce qu'il ne s'agit pas d'affaires qui concernent le peuple. Il faudra attendre 1979, pour que les citoyens soient consultés et élisent un Parlement européen (en remplacement d'une Assemblée européenne constituée de membres des Parlements nationaux) doté pouvoirs restreints. Les Etats, et en particulier les monarques de la Ve République, se sont toujours efforcés de limiter le rôle du Parlement européen.
De traité en traité, les couches du mille-feuille ont été négociées dans le secret, sous la houlette des pays qui voulaient garder leurs prérogatives. De Maastricht à Lisbonne en passant par Nice, le décalage entre ce que les gouvernants ont construit et les aspirations des citoyens est allé en s’élargissant. Malgré le renforcement des pouvoirs du Parlement européen, le traité de Lisbonne, après l’échec du traité constitutionnel, a ajouté une couche supplémentaire incompréhensible et inutile. Nous avons un président du Conseil, une Haute Représent