Sortir de la fâcherie, rien de plus nécessaire pour que l’Europe reparte d’un bon pied. Commençons par parler vrai. Ce n’est pas l’Europe qui a «fait la paix», mais les Etats-Unis, avec l’URSS. Des leaders européens ont ensuite tiré parti de cette situation pour créer entre les peuples d’Europe des solidarités, afin d’empêcher tout retour à la guerre. Mais il n’y avait plus de risque de conflit entre pays européens, ne serait-ce que parce qu’ils étaient tous engagés dans des alliances contrôlées de l’extérieur. La construction européenne ne s’est pas faite grâce à l’enthousiasme des peuples. Ils n’en ont même jamais fait la demande, ils avaient d’autres soucis. Ce sont les gouvernements démocratiques et des avant-gardes intellectuelles ou politiques qui ont pris les initiatives clefs : la création de la Ceca en 1950, le traité de Rome en 1957.
La première raison de la fâcherie est que les Européens ne se sentent pas entendus, voire se sentent dépossédés, même si les décisions européennes sont ratifiées par les Parlements nationaux, ou européen. Lorsqu’il a fallu interroger les peuples par voie de référendum, on n’a pas tenu compte de leur réponse quand elle était «mauvaise» ! On ne peut pas s’étonner du malaise démocratique. Rien ne prouve que «intégration», panacée pour les élites, soit un mot agréable aux citoyens. Accuser de «souverainistes», comme si c’était honteux, ceux qui restent attachés à l’espace national de la démocratie est politiquement maladroit. La conquête de