L’instauration d’élections primaires ouvertes à tous les citoyens se réclamant de la gauche et ayant envie de participer à la désignation du candidat socialiste à l’élection présidentielle se révèle à l’expérience comme une fausse bonne idée. L’intention était excellente. Il s’agissait en mobilisant deux ou trois millions d’électeurs d’inaugurer une forme de participation politique inédite. L’espoir était aussi de déclencher ainsi une dynamique positive autour du Parti socialiste et, implicitement, de creuser la différence avec les autres candidats de gauche désignés, eux, selon les méthodes traditionnelles.
Ainsi les socialistes seraient plus novateurs que la gauche radicale ou que les écologistes et plus hardis que la droite. Ils s’inscriraient dans une logique vertueuse de large participation, balayant leur image d’appareil manœuvrier et bureaucratique. Ils rajeuniraient, se moraliseraient. Ce serait l’inverse des turpitudes du congrès de Reims. Ils pourraient même prétendre à être décorés de l’ordre du mérite de la démocratie d’opinion. Après les dérives oligarchiques, la thérapie démocratique. C’était bien joué.
Malheureusement, la réalité s’avère beaucoup moins séduisante que la fiction. Ce qui s’est passé en Italie aurait d’ailleurs dû alerter les plus attentifs : les primaires de gauche y ont bien fonctionné quand il s’est agi de ratifier le choix d’une personnalité (Romano Prodi). Elles se sont déréglées et enlisées dès qu’il a fallu choisir entre plusieurs candidats