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TRIBUNE

Immigration : recréer du commun

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par Paul THIBAUD, philosophe
publié le 28 janvier 2011 à 18h10

Selon le politiquement correct, il n’y a jamais de problèmes objectifs mais des mentalités déplorables « qui créent des problèmes », la peur de l’étranger, l’attachement à son groupe quand c’est le groupe majoritaire. Ces mentalités, on cherche à les corriger en proscrivant des vocables maudits comme celui d’identité nationale. Le politiquement correct est une stratégie de redressement des mentalités par la culpabilisation qui a des effets pervers : l’opinion majoritaire y réagit en se rétractant, alors que chez les nouveaux venus, elle encourage des comportements de fermeture. Cette stratégie que la hantise du Front national a justifiée a donc produit un cycle d’accusations et de contre-accusations dont ne peut sortir qu’en revenant aux faits aussi tristes qu’ils soient, que sociologues, géographes, démographes, urbanistes nous mettent sous les yeux.

Le premier fait est qu’il n’y a pas d’immigration en général mais des immigrations, différentes selon les origines, les stratégies poursuivies, les modes d’entrée, les compétences apportées. L’immigration portugaise hier, la chinoise aujourd’hui sont différentes de l’immigration malienne. Il y a eu des immigrations politiques, une immigration de travail, il y a aujourd’hui une immigration familiale, dont fait partie le mariage au pays. Elle est d’emblée plus en marge de la société d’arrivée que les précédentes. A cause du chômage certes, mais aussi parce qu’elle est par construction communautaire, correspondant aux projets non d