Trois têtes momifiées montées sur des socles de bois, encore parées de leurs dents et cheveux, et d'un semblant d'expression bien vivante : c'est l'étrange découverte faite, en 2007, par le responsable du musée d'Art et d'Histoire d'une ville française de 20 000 habitants alors qu'il inspectait ses placards. Ces têtes n'apparaissant dans aucun inventaire des collections depuis le XIXe siècle, ce fonctionnaire, qui préfère rester anonyme, décide de mener l'enquête. Quelques mois de travail plus tard, il tombe sur une note, dans un des registres de la société savante à l'origine du musée, où sont calligraphiés les dons. A la fin des années 1840, un officier de «l'armée d'Afrique», chirurgien dans un hôpital d'Alger, a envoyé «pour collections d'histoire naturelle quatre têtes desséchées, trois d'Arabes et une de négresse». Trois ans plus tard, le responsable du musée ne sait toujours que faire de ces pensionnaires dérangeants. Il y en a beaucoup qui leur ressemblent, pourtant, dans les vitrines et les réserves des musées de France. On y trouve des crânes et squelettes en pagaille. Dans des bocaux de formol centenaires baignent des milliers d'organes et de fragments, aux côtés de momies et de membres desséchés. Ce patrimoine, sujet d'étude fort apprécié par les sociétés savantes de l'empire colonial français, est devenu très délicat à gérer.
Médecin post mortem
La Vénus noire, film d'Abdellatif Kechiche, a rappelé récemment l