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Libération
TRIBUNE

Mon ami Jean-Paul Dollé…

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Le philosophe Jean-Paul Dollé est mort le 2 février (Libé du 4). Un temps assimilé aux «nouveaux philosophes», il a été maoïste et proche des fondateurs de Libération. Spécialiste de la ville, il a fondé Banlieue 89 avec Roland Castro.
par Paul Virilio, Urbaniste, philosophe
publié le 14 février 2011 à 0h00

Inhabituel ou inhabitable (?), dans son ultime ouvrage paru il y a juste un an (1), Jean-Paul Dollé indiquait déjà clairement la voie de garage de l’histoire «postmoderne», mais aussi semble-t-il sa disparition prochaine : celle de l’ETRE AU MONDE du grand vivant qu’il était ; gros cœur et bel appétit de vivre qui contrastait si fort avec le principe de précaution des philosophes de carrière qui s’affichent tous les jours, à l’avant-scène du spectacle du moment.

J'ai aimé l'ami Dollé pour sa belle nature et son «esprit d'enfance» (dixit Bernanos) qui le rendait si souvent solidaire de ceux qui s'indignaient ici ou là. Solidaire et pourtant si solitaire devant la mascarade habituelle des cuistres qui donnent encore des leçons de sagesse aux anciens de «la pensée de 68», du haut de leur magistrature médiatique, lui qui n'avait nullement songé à faire carrière, même pas dans l'enseignement, alors qu'il était un si grand professeur.

ETRE AU MONDE, l’habiter pleinement, en attendant le plus tard possible, le passage vers l’inhabitable de l’ETRE POUR LA MORT d’une «philosophie» germanique dont Hannah Arendt devait nous délivrer, Dieu merci !

Après Baudrillard, Deleuze, Duvignaud, c’est maintenant Dollé qui s’efface dans une sorte d’Abécédaire où Guattari avait donné le signal, sans oublier le G2, André Gorz, l’adepte d’une écologie véritable et qui n’avait rien de commun avec l’actuel ministre du même nom.

Habiter l’inhabituel, en attendant un peu, l’inhabitable séjour d’une