On croyait l'affaire des sondages de l'Elysée enterrée. La voilà entre les mains d'un juge d'instruction depuis le 15 février. Les services de l'Elysée et Patrick Buisson, actionnaire principal de la société de conseil Publifact, vont devoir expliquer à Serge Tournaire, juge du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, pourquoi une convention signée entre eux en 2007 pour de nombreuses études d'opinion a été passée sans le moindre appel d'offres. Un «délit de favoritisme», estime l'association Anticor, à l'origine de la plainte avec constitution de partie civile.
L'affaire remonte au 15 juillet 2009. Dans son rapport sur le budget 2008 de l'Elysée, la Cour des comptes épingle cette convention passée sans qu'«aucune des possibilités offertes par le code des marchés publics pour respecter les règles de la mise en concurrence [n'ait] été appliquée». Les magistrats s'étonnent aussi du «caractère non seulement très succinct de la convention (une seule page), mais également exorbitant». La note : près d'1,5 million d'euros en 2008, répartis entre un versement mensuel de 10 000 euros net pour du «conseil» et le reste pour des sondages achetés très peu cher à des instituts et revendus à des prix ahurissants à l'Elysée. Publifact «disposait» également, selon la cour, «d'une totale liberté d'appréciation, ce qui […] signifiait que la présidence n'avait ni la maîtrise ni le contrôle tant de l'engagement que du montant des ét