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Analyse

Juppé, de l’offensé à l’offensive

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Humilié et exilé à Montréal il y a six ans, le ministre de la Défense, qui éclipse désormais ses collègues à la faveur des révolutions arabes, n’en finit pas de savourer son retour en grâce.
publié le 25 février 2011 à 0h00

Il n'existe pas, en France, de poste de vice-président, mais Alain Juppé est en train d'inventer la fonction. Avec un ton très présidentiel, il s'est avancé aussi loin que possible, hier matin sur France Inter, sur les «domaines réservés», diplomatiques et militaires, comme si sa seule parole engageait la France. En des termes on ne peut plus explicites, il a souhaité «de tout cœur» que Kadhafi «vive ses derniers moments de chef d'Etat», puis a déclaré qu'une intervention militaire étrangère en Libye n'était pas d'actualité. Se substituant à Michèle Alliot-Marie, il a aussi reconnu des erreurs «collectives» commises vis-à-vis des dictatures d'Afrique du Nord, mais a mis un point d'honneur à défendre la politique internationale de la France, attaquée de toutes parts : «Cette mode qui consiste à montrer du doigt la diplomatie française à tout propos et hors de propos n'est pas acceptable.»

De fait, chaque jour ou presque, le patron de la Défense monte au front pour protéger le chef de l’Etat ou un collègue ministre dans la panade. Se fend d’une déclaration en y mettant tout son poids pour expliquer et soutenir l’action du gouvernement. Ou se permet de jouer les chefs de la majorité en critiquant à mots couverts le débat (souhaité par Nicolas Sarkozy) que l’UMP va consacrer à l’islam en France.

Coma. Pour les sarkozystes qui en doutaient lors du remaniement, «le meilleur d'entre nous» cher à Jacques Chirac se