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Libération
Interview

Malek Boutih «L’UMP se droitise de façon progressive»

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Questions à Malek Boutih Membre du Bureau national du Parti socialiste
publié le 4 mars 2011 à 0h00
Comment interprétez-vous l’invitation d’Eric Zemmour, mercredi, à une réunion du courant libéral de l’UMP ?

Le personnage d'Eric Zemmour est anecdotique, il va au bout de sa démarche de libertaire de droite à l'américaine. «Tout peut être dit, on ouvre les vannes !» Ça n'a pas grand intérêt. Mais le fait de l'inviter est significatif. Il y a un débat sous-jacent qui agite l'UMP. Sous l'impulsion de Jean-François Copé, le parti est en train de droitiser tout son discours, pas de manière frontale, mais de façon progressive. En choisissant Zemmour, on choisit l'homme condamné [pour provocation à la discrimination raciale, ndlr]. On envoie un message pour les échéances électorales à venir.

Y a-t-il une volonté de chasser sur les terres du FN ?

Je ne crois pas à la théorie du siphonnage des voix de l’extrême droite. Ça a déjà été fait en 2007, ça ne marchera pas deux fois. Je crois que Jean-François Copé et l’UMP se placent sur le terrain idéologique d’une droite plus dure pour préparer une offensive politique. Il y a un bras de fer à la direction de l’UMP, et Copé veut imposer cette voie aux autres. Beaucoup de députés savent que s’ils veulent garder leur poste aux législatives en 2012, il va falloir donner des gages au FN. Marine Le Pen a fait tomber les lignes jaunes autour du parti que son père avait dressé, et Copé fait le chemin inverse. Il y a un pont qui se fabrique, et chacun le construit sur sa rive.

Le PS est-il capable de débattre de la laïcité et de l’islam ?

Non, l'équipe de direction du PS est tétanisée face à ce débat. Le background de leur discours est infantile et décalé par rapport à la réalité. Il y a un gros vide, car le PS n'a pas travaillé assez sur ces sujets de