Le sarkozysme est un éternel et étonnant recommencement. Alors que le Président est au plus bas dans les sondages, le voilà qui ressort un vieux classique : jouer sur la peur avec les immigrés, puis se montrer en président garde-frontière qui va protéger les Français de ce risque fantasmé.
Dans son allocution destinée à justifier le remaniement, dimanche dernier, Nicolas Sarkozy a mis en garde les Français contre les «flux migratoires» potentiellement «incontrôlables» en provenance de Tunisie ou de Libye, qui pourraient se transformer en risque terroriste. Depuis, il tente d'agiter le sujet : il a chargé Claude Guéant, son fidèle et ancien secrétaire général, d'aller faire un déplacement très médiatisé à Nice (lire ci-contre) pour inaugurer ses nouvelles fonctions de ministre de l'Intérieur et de l'Immigration. Il a aussi appelé l'Union européenne à discuter des implications migratoires de la crise libyenne, vendredi prochain.
Interprétation. Cette stratégie rappelle la séquence politique de l'été dernier, avec le fameux discours de Grenoble. A l'époque, il s'agissait de réagir à une émeute déclenchée par les proches d'un braqueur de casino décédé après un échange de tir avec la police. Depuis la préfecture de l'Isère, le chef de l'Etat avait alors expliqué ce déchaînement de violence par «cinquante ans d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à mettre en échec l'intégration», et, pour y faire face, il avait proposé de