Il est comme chez lui au banquet du club des retraités. Souriant, proche, Steeve Briois, 39 ans, candidat sur le canton de Montigny-en-Gohelle pour le scrutin du 20 mars, et tête de liste Front national aux côtés de Marine Le Pen aux dernières élections municipales, serre «toutes les mains» : «Les gens nous perçoivent comme les prochains à diriger la ville.»
Il se lève pour danser. «Avec la maman de ma suppléante.» Pour le sondage, il a son explication : «Ce n'est pas la Tunisie, la Libye, le débat sur l'islam. C'est une lame de fond.» Ici, dans un bassin minier tenu depuis longtemps par le PS et le PCF, l'abstention fait des ravages, et le FN progresse, autour de 40% dans certaines villes. Josette Lecocq, femme de ménage à la retraite, encartée au FN : «Avant, des gens refusaient de nous serrer la main. Ça change depuis quelques mois.» Elle a longtemps été «pour Steeve, pas pour Marine». Elle a changé. «Elle n'est pas comme son père. Lui, c'était le Front de l'extrême droite.» Le mari de Josette, ouvrier calibreur décédé «à 54 ans et demi», votait communiste. Elle était devant sa télé quand Georges Marchais passait : «Il me faisait rire.» Elle pense que maintenant, «l'ouvrier doit se tourner vers le FN s'il veut être défendu».
Prudent. La sono joue un paso doble. Un retraité vient raconter des ennuis de santé à Steeve Briois. «Il arrivera ce qui arrivera. Vous, vous