Pascal Perrineau dirige le Centre de recherches de Sciences Po (Cevipof) et analyse pour Libération le succès du FN dans l'opinion et les réponses élaborées, ou non, par le PS.
Y a-t-il vraiment un risque d’un nouveau 21 avril en 2012 ou est-ce un fantasme ?
Tous les sondages sur les intentions de vote - indépendamment de celui de Harris Interactive - montrent la capacité de Marine Le Pen de jouer dans la cour des grands et de flirter avec le niveau des cadres des deux grands partis, l’UMP et le PS.
Comment l’expliquez-vous?
Le mauvais climat dans l’opinion publique sur la crise économique et financière y est pour beaucoup. La France fait partie des pays les plus inquiets même si ses fondamentaux économiques ne sont pas les pires. Cela nourrit une mauvaise humeur qui se traduit en termes politiques, et que Marine Le Pen capte plus que les autres. Deuxièmement, la contestation vis-à-vis de la classe politique atteint aujourd’hui des sommets. C’était déjà le cas en décembre dans nos enquêtes, mais depuis, le voyage de Michèle Alliot-Marie en Tunisie ou les affaires du PS dans les Bouches-du-Rhône n’ont rien arrangé. Là, il y a une capacité historique de l’extrême droite à politiser le rejet de la politique. Ensuite, je dirais que le FN est l’un des partis les plus en pointe sur la dénonciation de la société ouverte et globalisée au niveau économique ou sociétal avec les flux migratoires. Ce n’est pas un hasard si Marine Le Pen a décidé de se rendre à Lampedusa : elle sait très bien incarner ces inquiétudes diffuses. Enfin, elle est en train de changer le logiciel du FN, en ga