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Libération

Marine Le Pen et la nouvelle lutte des classes

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publié le 10 mars 2011 à 0h00

Pendant un siècle et demi - en fait, depuis la révolution de 1848 - une analyse sociologique largement partagée dominait les études électorales. La gauche avait vocation à recueillir les voix de la classe ouvrière et, au-delà, des milieux populaires (employés modestes, une fraction très régionalisée des paysans, certains artisans). La droite recrutait par priorité dans la bourgeoisie, les classes moyennes et le gros de la paysannerie. Bien entendu, au fil des décennies, ce schéma a beaucoup évolué. Le prolétariat a voté successivement socialiste, puis communiste, parfois gaulliste, au début des années 60, avant de se disperser. Les socialistes ont concentré leurs soutiens dans le secteur public. La droite a élargi son implantation dans les couches moyennes urbanisées et chez les personnes âgées. De toute façon, aujourd'hui, cette grille-là est complètement caduque. Plus de trente années de crise économique et sociale ont provoqué l'ascension de l'extrême droite. Avec Marine Le Pen et les niveaux électoraux auxquelles la hissent certains sondages, notamment les désormais célèbres enquêtes Louis Harris Interactive pour le Parisien et Aujourd'hui en France, le processus s'étend et se radicalise. La lutte des classes a changé de visage.

Les milieux populaires optent désormais pour le Front national. Certains s’échinent à nier la montée des populismes, voire contestent même l’existence du concept. Il suffit pourtant de regarder quasi quotidiennement les ventilati