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Libération
TRIBUNE

Fin de non-recevoir pour le discours de Grenoble

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par Michel Destot, député-maire de Grenoble (PS)
publié le 15 mars 2011 à 0h00

Après huit mois de débats attisant les peurs et opposant les citoyens entre eux, le gouvernement et la majorité présidentielle ont finalement retiré l’article du projet de loi sur l’extension de la déchéance de nationalité. Il était temps ! Il apparaissait pourtant évident, dès le départ, que le législateur n’avait pas vocation à créer des catégories de sous-citoyens, la République ne pouvant le tolérer en son sein.

C’est donc une véritable fin de non-recevoir pour le tristement célèbre discours prononcé par le président de la République à Grenoble, ville dont la richesse est justement liée à la diversité multiculturelle de sa population. Député et maire de cette ville, je veux rappeler que les Grenobloises et Grenoblois ont été profondément choqués et blessés de voir le nom de leur ville associé à ce discours stigmatisant et à cette mesure de déchéance de nationalité indigne de notre République.

Grenoble, à l’origine des états généraux du Dauphiné annonçant dès 1788 la Révolution française, «Capitale des maquis» pendant la Seconde Guerre mondiale, ville faite Compagnon de la Libération par le général de Gaulle en 1944, ville de Pierre Mendès France et d’Hubert Dubedout, méritait décidément mieux !

L’extension des motifs de déchéance de la nationalité était d’autant plus incompréhensible qu’au-delà de l’illégitimité et de l’inefficacité de la disposition, elle constituait une rupture d’égalité entre citoyens français : contraire à notre Constitution, contraire à notre pacte rép