Elle entre dans l’hôtel Saint-Aygulf (Var). Jeans, bottes à talons, plus sexy que son père. Si je n’étais pas féministe et partisan de la parité au Parlement, je me serais dit que c’est exactement le genre de fille qu’on a envie de sauter entre deux portes en espérant qu’elle vous demande de lui donner des baffes avant de jouir pour pouvoir se mettre un instant dans la peau d’un sans-papiers macho et irascible.
Je l’aborde. Elle ne m’attendait pas ici.
«Je croyais vous voir mercredi prochain à Paris ?
- Je voulais vous faire une surprise.
Elle s’enfonce dans le restaurant. Restaurée, elle réapparaît une demi-heure plus tard au sous-sol donner sa conférence de presse. Elle évoque les récents sondages qui lui sont favorables.
- Alors, maintenant on essaie de me discréditer. On m’enverra bientôt la fille de la météo, Casimir, ou même un écrivain.
Elle parle peut-être de moi qui à des fins de camouflage me balade pourtant ces temps-ci avec un Martien sur l’épaule dans l’espoir qu’on me prenne pour un cosmonaute. On pose des questions sur l’immigration. Je pose une question sur l’art qui sur le site du Front est qualifié de tension vers le beau absolu.
- Quel ministre de la Culture nommerez-vous pour atteindre le beau absolu ?
Elle n'a donné aucun nom, mais j'ai cru comprendre que ce ne serait pas moi. La conférence s'achève par une interprétation générale de la Marseillaise de cet ivrogne de Rouget de Lisle qui écrira sous la Restauration une chanson intitulée Vive le roi