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TRIBUNE

«L’islam, vous dis-je !» ou Sarkozy, médecin imaginaire

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publié le 31 mars 2011 à 0h00

Dans le Malade imaginaire, Toinette, qui joue à caricaturer les médecins de l'époque, n'a qu'un diagnostic à la bouche : «Ce sont tous des ignorants. C'est du poumon que vous êtes malade.» Argan peut bien énumérer ses multiples symptômes : «Je sens de temps en temps des douleurs de tête. - Justement, le poumon. - Il me semble parfois que j'ai un voile devant les yeux. - Le poumon. - J'ai quelquefois des maux de cœur. - Le poumon.» Qu'importe la question ? La réponse est toujours la même.

Molière pousse encore plus loin la satire. Ne peut-on être malade à son insu ? A l'hypocondriaque, il suffit de suggérer d'autres maux, dont il ignorait encore souffrir. Le plus inquiétant, c'est de bien se porter. «Vous avez appétit à ce que vous mangez ? Vous aimez à boire un peu de vin ? Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir ?» Il n'est nullement besoin qu'un problème existe pour lui trouver une solution. «Le poumon, le poumon, vous dis-je.»

Aujourd’hui, ce sont les médecins de Molière qui nous gouvernent : une même réponse à tous les problèmes. Le niveau de vie recule ? L’islam. L’insécurité s’installe ? L’islam. L’incertitude monte sur la scène internationale ? L’islam. Le Front national gagne du terrain, en même temps que l’islamophobie ? L’islam, vous dis-je. La loi de 2004 prétendait pourtant trancher une vieille question en interdisant le voile à l’école. Mais ce n’était qu’un début : la laïcité est