«Qui vole un œuf vole un bœuf.» Le proverbe, vieux du XIXe siècle, n'est pas fatal : un tout petit délit ne pousse pas forcément au crime. Il s'agit là d'un message d'ordre moral, qui renvoie au principe de l'honnêteté. Définir l'honnêteté est par contre une autre paire de manches. «Nous savons tous ce qu'est une action malhonnête, mais ce qu'est l'honnête, personne ne le sait», a écrit Tchekhov. A Marseille, la justice pense qu'Alexandre Guérini a été malhonnête, à l'inverse de son frère, Jean-Noël. En l'état actuel du dossier d'instruction, il n'y aurait aucune connivence répréhensible entre les deux frères. Le premier cité semble bel et bien mouillé dans de sombres affaires de décharges d'ordures, fort lucratives on le sait à l'aune des us napolitaines. Le second frère serait, lui, irréprochable, même si des écoutes téléphoniques de conversations entre frangins laissent perplexes. Primo et quoi qu'il en dise, Jean-Noël connaissait les activités malhonnêtes de son frère, au moins a-t-il fermé les yeux. Deuzio, difficile d'imaginer qu'il n'a pas donné des coups de pouce à son cadet. Mais Jean-Noël possède un joker bien utile : c'est un élu de la République, et à ce titre, il jouit d'autres égards. Il y aurait quelque naïveté à découvrir cette démocratie à honnêteté variable. La réputation de Marseille ne se démentit pas, mais nul ne prétendra qu'elle n'est pas partagée. L'honnête ne se mesure donc pas à la taille de l'œuf ou du bœuf, mais au poi
Éditorial
Honnêteté variable
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publié le 2 avril 2011 à 0h00
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