Cette fois, Claude Guéant l'a joué à l'ancienne pour envoyer ses messages et déclencher - comme escompté par le chef de l'Etat - du clivage, de la polémique, de l'indignation… Dans un entretien relu et corrigé au Figaro Magazine, le ministre de l'Intérieur se livre à une de ses bonnes vieilles attaques anti-immigrés qui ne disent pas leur nom (lire page 4). En pleine rupture avec la politique suivie jusqu'à présent, il affirme vouloir «intervenir pour réduire l'immigration légale et le regroupement familial». Il dit aussi qu'«en matière d'asile, notre pays est plus généreux» que nos partenaires européens et qu'il est temps d'y remédier. Quant à l'objectif des 28 000 reconduites à la frontière cette année, il assène : «Très franchement, j'espère que nous ferons plus.»
Dessein. Pas question ici de gaffe comme lorsqu'il parlait de «croisade» à propos de la Libye. Ou de dérapages plus ou moins contrôlés sur les Français qui ont «parfois le sentiment de ne plus être chez eux». Certes, il n'y a dans ses mots ni haine ni violence. Mais une volonté de stigmatiser en disant, en creux, que «les immigrés, ça suffit». En s'attaquant à l'immigration légale, Claude Guéant ouvre à dessein un nouveau front de clivage avec la gauche. En dehors des diatribes du FN, ce sujet ne faisait pas vraiment débat, la priorité de tous les gouvernements étant la lutte contre l'immigration clandestine