Menu
Libération
Portrait

Grand vent

Article réservé aux abonnés
Dominique de Villepin, l’ennemi de Sarkozy, parcourt la France en gaulliste social et mouline des ailes pour s’inventer un avenir.
publié le 14 avril 2011 à 0h00

Encastrer Dominique de Villepin dans un siège SNCF, c’est plier une éolienne dans un étui à cigares. Au début, il polit patiemment un téléphone portable dans une grande paluche à poils pâles. Et pif et paf, les pales entrent en giration. A vitesse de croisière, ça déborde dans le souffle enivrant des grands mots sonores. Souffrance. Incertitude et avenir. Injustice. Dignité citoyenne. Aventure collective. Les pales scandent le propos, tapent les cuisses, paf à droite, paf à gauche. Dix ministères, un outil dans la main du pouvoir, crise des grands partis, bouger les lignes. Pas un regard pour la brique du Nord qui défile à grande vitesse. Revenu citoyen, 850 euros par Français, dignité citoyenne. Oups, valdingue de l’iPhone en peau de reptile. Combien ça peut coûter, un protège-phone en lézard chez Zermès ?

Après Villepin dans le 9-3 et Villepin chez les paysans, Villepin à l'usine. Fonderie et aciérie de Denain, «une PME dynamique de 150 salariés qui travaille à 80% pour l'exportation», dit-il. La PME enthousiasmante se présente sous forme de grands hangars posés sur un lit de pissenlits. Dès le seuil franchi, on bascule dans le réalisme socialiste en noir et blanc. C'est Ground Zero, fumerolles et ferrailles, moules et machines échoués dans la poussière du front populaire.

L'ex-Premier ministre s'empare de la panoplie du jour, masque, casque, gilet fluo, et prend la tête d'un essaim de micros-caméras-stylos. Villepin a claqué des bises à Bondy (Seine-Saint-Denis), t