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«Une culture de l’écoute qui a disparu»

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Les délégués départementaux du médiateur de la République tentent de répondre au trouble d’usagers confrontés à des cas ubuesques ou à la surdité des administrations.
publié le 16 avril 2011 à 0h00

Après la fracture sociale de 1995, la fracture civique ? A écouter des délégués départementaux du médiateur de la République, le constat revient en boucle. «Je vois davantage de gens me dire qu'ils n'iront pas voter plutôt que me dire pour qui ils iront voter… Il existe un vrai désintérêt pour la chose publique», soupire Jean-René Thibaud, médiateur à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Il y a un an, le médiateur Jean-Paul Delevoye évoquait «une société usée psychologiquement». En mars, dans son ultime rapport (1), il estimait que «les ressorts citoyens sont usés par les comportements politiciens». «C'est vrai, on ressent une grande lassitude par rapport à la politique. Les gens disent souvent que, quels que soient les gouvernements et les réformes, ils ne sont pas écoutés. Et que pour obtenir gain de cause face à l'administration, il faut aller au tribunal», relève Patrick Bellet, médiateur depuis 1994 dans le Gard.

Traitant chacun environ 300 demandes par an, les 334 délégués fournissent une vision claire de la révision générale des politiques publiques : moins d'argent, moins d'effectifs, et donc moins de temps. «Les citoyens assimilent l'administration à la classe politique. Ils ne désignent personne, car ils savent qu'un texte n'est pas imputable à tel ou tel élu. Mais c'est pire, car le service public, dans sa mission d'assistance aux gens, n'existe plus. La protection sociale s'effrite, les caisses sont vides. Cela génère un autre rapport à la po