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Libération
Interview

«Il sous-estime la rationalité de l’électorat populaire»

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par Eric Aeschimann et Philippe Raynaud, Professeur de sciences politiques à Paris-II.
publié le 19 avril 2011 à 0h00

Philippe Raynaud est professeur de sciences politiques à Paris-Assas. Spécialiste du libéralisme, il s’inscrit dans la filiation de Raymond Aron. Il a également écrit sur (et contre) les nouveaux penseurs radicaux.

Le sarkozysme est-il en crise ?

Oui, et si la crise éclate maintenant, c’est que plusieurs raisons ont convergé jusqu’à se croiser. Tout d’abord, l’image qu’a créée le style adopté par le chef de l’Etat dès son élection et qui, malgré des tentatives de corrections, reste la sienne : un style anti-establishment, anti-institutionnel, par lequel il se présentait comme l’homme qui allait bousculer les élites et qui, sans séduire les classes populaires, a profondément irrité une grande partie de la droite classique. Ensuite, sa campagne de 2007, axée sur la sécurité. Aujourd’hui, il espère rééditer l’exploit par de nouvelles promesses sur le sujet. Or, c’est un raisonnement faux : les classes populaires ne veulent pas qu’on leur parle de sécurité, elles veulent qu’on assure leur sécurité. Depuis des mois, sur ce terrain, Nicolas Sarkozy donne une image d’inefficacité. Enfin, il annonçait qu’un sort meilleur serait réservé aux travailleurs. Mais la crise a vidé de sens la détaxation des heures supplémentaires et, de son programme économique, on ne retient plus que les mesures en faveur des plus riches.

Pourquoi s’est-il accroché à ce point au bouclier fiscal ?

Il est toujours difficile de se désavouer totalement, de reconnaître qu'une mesure phare du début du quinquennat était à côté de la plaque. Mais surtout, Nicolas Sarkozy n'a pas cessé d'estimer qu'il exis